Après 2 mois de bataille pour vous rendre au travail, vous redoutez le prolongement des grèves SNCF tout l’été ? Il est vrai que le mouvement social perturbe grandement nos déplacements pendulaires et que la suppression de votre train pour partir en vacances serait le pompom. « Tout ça pour un fichu statut … »
C’est là où nous vous arrêtons. Si la suppression du statut des cheminots est une cause de revendication, il n’est pas du tout l’unique raison de mobilisation. Découvrez les autres motifs des grèves SNCF.
La menace de la privatisation de la SNCF
Plus que la suppression de leur propre statut, c’est le changement du statut de leur entreprise qui inquiète les grévistes. Si aujourd’hui la SNCF est un un Établissement public à caractère industriel et commercial (Epic), la réforme veut la transformer en Société Anonyme (SA).
Cette modification du statut juridique est vue comme un premier pas vers la privatisation de l’entreprise, bien que le gouvernement assure que ce n’est pas l’objectif de la réforme. En effet, cette action suit le même procédé que l’opérateur de téléphonie mobile Orange, anciennement France Télécom.
L’ouverture à la concurrence
Très liée à la question précédente de la privatisation, la libéralisation du rail en France effraie tout autant, et ce pour deux raisons principales.
Tout d’abord, les cheminots s’interrogent sur le devenir de leurs droits dans le cas où ils seraient amenés à travailler pour l’un des nouveaux concurrents de la SNCF. Conserveront-ils les modalités particulières de leurs fonctions comme une retraite anticipée pour le personnel roulant ou encore l’assurance d’un emploi à vie ?
Si cette préoccupation revient à la problématique de la suppression du statut de cheminots, l’ouverture à la concurrence risque également d’impacter les consommateurs et pas nécessairement de manière positive. En effet, si la théorie économique établit que plus un marché comporte de vendeurs, c’est alors le marché lui-même qui fixe les prix (qui résulte alors du juste équilibre de l’offre et de la demande) et non pas le vendeur dans le cas du monopole de la SNCF.
Cependant, les cheminots invoquent l’exemple de la British Rail pour qui de telles démarches n’ont absolument pas faites descendre les prix des billets. Les grèves SNCF ont donc aussi pour vocation d’alerter le gouvernement que l’ouverture à la concurrence menace la qualité du service public.
Les grèves SNCF : avant tout une histoire de crédibilité
Ce point est sans doute le plus important et pourtant le moins médiatisé concernant les grèves SNCF. La crédibilité est ici un enjeu majeur pour les élus du gouvernements mais aussi … syndicaux.
D’une part, Emmanuel Macron et son gouvernement se sont jusqu’ici montrés résolus à réformer la SNCF et plus largement la France. Revenir sur leurs actions après plus de 2 mois de grèves SNCF serait donc terrible pour leur crédibilité auprès de l’opinion publique.
D’autre part, les délégués syndicaux, notamment ceux de la CGT, se doivent de continuer le mouvement. En effet, depuis 2017, la CFDT a dépassé la CGT au titre de plus grand syndicat français en termes d’effectif. Leur implication dans les grèves SNCF sont donc un élément clé pour prouver à leurs (futurs) adhérents qu’elle est toujours un interlocuteur de taille pour négocier avec le gouvernement.
Quant à savoir si les cheminots grévistes prolongeront vraiment les grèves SNCF en juillet et en août, les semaines à venir nous le diront.